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« Are you alive ? »
Dans n’importe quel autre contexte la phrase pourrait sembler banale, récurrente dans bon nombre de récits d’aventures, lorsque des personnages se retrouvent après une situation particulièrement difficile. Êtes vous vivant ? Et une simple phrase est réponse évidente, l’état de « vivant », « alive » ne s’opposant alors qu’à celui de mort.
En premiers mots émis de la série Battlestar Galactica, le problème est d’entrée de jeu bien plus profond. D’autant plus que la scène ne prête pas à confusion : un homme attend assis seul devant une table, quelques documents en main. Il lit. Une femme entre, escortée par deux cylons, images exactes des représentations qu’il consultait. Il l’observe, et réagit à sa présence. Elle s’approche de lui. Cette phrase qu’elle murmure alors à son oreille, « are you alive ? » ne cherche de toute évidence pas à déterminer s’il est, ou pas, mort. La réponse lui est donnée à voir. Non, nous sommes immédiatement projetés dans une réflexion bien plus métaphysique. Un œil extérieur, comme l’est celui du spectateur dans cette première scène, ne voit ici que deux personnes indubitablement vivantes. Si la question est posée c’est que cependant nos normes de définition de la vie vont être mises en causes. L’opposition vie/mort n’est plus aussi tranchée, non pas qu’il y ait d’état intermédiaire entre les deux – nous ne plongeons pas ici dans un univers qui interroge la question de la vie après la mort, ou encore celle de créatures telles que les vampires ou autres – mais la notion de vie va elle-même être mise en cause.
Are you alive ? c’est avant tout ici « faites-vous partie de la part de population qui est en vie ? », cela renvoie directement à la différence de statut entre cylons et humains : une différence uniquement biologique, physique. Cet « are you alive ? » interroge le fondement même de l’état de vivant. Qu’est-ce donc qu’être en vie ?
La même formule est reprise par la suite, dans une scène du même acabit, mais dans une situation inverse, dans l’épisode « you can’t go home again » (105), Kara Thrace est confrontée à un chasseur cylon qu’elle approche de près. Sa première réaction, la première chose qu’elle lui dira sera précisément la même question que celle qu’avait posée numéro six à l’ambassadeur humain dans la toute première scène de la série. « Are you alive ? »
C’est à partir du moment où l’on perçoit une réciprocité dans l’interrogation que réellement le statut est mis en cause. L’être en face est sensible, partiellement biologique, réactif, autonome. Où donc est la frontière avec la vie ? Dans sa capacité à être perdue, et l’on reviendrait alors à notre opposition première, nous ne sommes dits vivants que lorsque nous pouvons ne plus l’être ? Dans l’origine de l’existence ? La disparition du vaisseau de résurrection cylon accentue encore ce problème : la notion de mort leur est alors applicable, où se situe désormais la différence entre les deux populations ?
Qu’est-ce que la notion de « vie » recouvre très exactement ?
La série s’ouvre véritablement sur une interrogation fondamentale qui sous-tend, en fil conducteur, l’intégralité de son évolution.